Par Sandra Mathieu
Présidente V.I.P De L'éducation
C.P en milieu de garde
T.E.E
Coach en relations familiales
Que nous le comptions en jours, en semaines ou en dodo, dans très peu de temps, plusieurs petits Québécois prendront le chemin de l’école et pas seulement celui entre la maison et l’école, mais bien celui des grands. La rentrée à la maternelle cause tout un bouleversement d’émotions autant chez les parents que chez les enfants. Ce qui est tout à fait normal. Plusieurs parents arrivent à cette étape avec beaucoup de nostalgie. Mais avant d’arriver à cette impression que notre enfant soit maintenant devenu grand, il y a l’inquiétude que notre enfant ne soit pas près ou du moins encore trop petit. Nous voulons miser sur toutes les chances afin que tout se passe bien. Faire ses boucles, écrire son nom, savoir compter jusqu’à…20,50 et même, 100 font partie des quelques apprentissages que nous croyons tous nécessaires pour que notre enfant soit outillé et à la hauteur. Mais avez-vous pensé aux apprentissages que j’appelle « les invisibles » ? Vous savez, ceux qui passent inaperçus tant et aussi longtemps que nous ne sommes pas confrontés à en avoir besoin. Sachez que votre enfant pourrait en avoir besoin une fois à la maternelle.
Pour travailler dans les milieux scolaires depuis plusieurs années, je suis à même de constater, et ce à chaque année que beaucoup d’enfants de la maternelle, quoiqu’ils aient acquis énormément de connaissances et d’habiletés ont certaines difficultés à s’adapter au mode de vie du milieu scolaire. Vous savez l’école est un lieu où l’enfant doit se conformer à beaucoup de règles. L’enfant ayant fréquenté un service de garde peut avoir une meilleure capacité à assimiler et à respecter les consignes qu’une tierce personne lui donne, mais rien n’est acquis dans ce nouvel environnement où des limites sont imposées par un code de vie et des objectifs bien précis.
Forcément, votre enfant devra vite s’adapter et suivre la cadence. Il n’est pas rare que des parents soient surpris d’apprendre que leur enfant est dérangeant voire même turbulent. Et pourtant, rien ne laissait paraître ceci à la maison ou à la garderie. Ce sont souvent les apprentissages « invisibles » qui en sont la cause. Ceux qui jusqu’à maintenant ne lui avaient pas vraiment été imposés soit parce qu’à la maison l’approche individuelle entre ses parents et lui ne demandait pas autant de restriction ou parce qu’à la garderie, les apprentissages se font dans un environnement moins exigeant, que le groupe est moindre et que le programme est plus ludique. Cependant, le travail qui se fait sur tous les autres aspects des apprentissages est vraiment important et très considérable. Ce qu’il apprend à la garderie ou dans le cadre familial est essentielle pour son bagage. Rappelez-vous, ce que j’appelle son… Petit baluchon. (voir l’article de blog « Les 10 clés à offrir à mon enfant »).
Chez certains enfants, l’adaptation se fera à peine en quelques jours. Alors que pour d’autres, ce sera moins facile. Ouf ! L’autobus, la routine, les transitions, les apprentissages, tous les gens qu’il côtoie dans une journée, ce n’est pas rien ! Il est donc très justifiable d’être un peu désorganisé. Rappelez-vous votre premier emploi. Votre passage au secondaire. Votre rentrée à la maternelle (pour ceux dont la mémoire serait phénoménale, ce qui n’est pas mon cas 😊 ) Pas facile vous savez l’école. Et je ne dis pas ça à la blague, je suis très sérieuse.
Mais quels sont les apprentissages « invisibles »? Me demanderez-vous. Voilà, j’y arrive.
LA PREMIÈRE –La capacité d’attendre. Banal me direz-vous. Eh bien non ! Lorsque vous êtes au restaurant avec votre enfant, bien assis à attendre les plats. Reste-t-il assis, sans rien faire, sans parler ? Soyez honnête ! D’ailleurs les restos l’on comprit, ils fournissent même les napperons en guise de papier à dessin et des crayons. S’il n’y a pas de napperons, pas de problème, nous sortons l’attirail de jeux ou encore mieux et moins encombrant, la tablette électronique ou notre téléphone peuvent très bien faire l’affaire. Mais à l’école, c’est autre chose. Pendant la journée, l’enfant est appelé à faire plusieurs déplacements. Aller à la salle de bain, se rendre à son cours d’éducation physique. Se déplacer pour aller à la cafétéria à l’heure du repas. Imaginez lorsque le groupe se déplace pour la salle de bain. En moyenne, 18 enfants seront en rang d’oignons pour attendre d’aller à la toilette. Si votre enfant est allé le premier ou n’a tout simplement pas envie d’y aller, il devra attendre que les 17 autres reviennent. S’il n’est pas habitué à attendre, ça risque d’être difficile et rappelez-vous, un enfant qui ressent un inconfort ou de l'impatience risque de l’exprimer par autre chose que des paroles. C’est alors que la désorganisation s’installera. Maintenant, comment l’aider. Petits trucs: Vous allez au comptoir de restauration rapide ? Faites-le attendre avec vous. Pas de téléphone à la main pour regarder les bonshommes. Non! Non ! Il attend avec vous. Vous attendez votre tour pour un manège, il attend avec vous à la file. Vous êtes occupé à faire la vaisselle et il veut son jeu sur la tablette en haut de l’étagère, terminez votre vaisselle. Il l’aura après. Voyez-vous, ce sont des petits trucs du quotidien qui lui seront grandement utiles à l’école et qui pratiqueront sa patience.
LA DEUXIÈME - L’heure du repas. Mangez assis. Curieux, n’est-ce pas? Vous seriez étonné de voir combien d’enfants sont incapables de rester assis pour manger. Le personnel chargé d’accompagner les enfants pendant l’heure du repas doit constamment intervenir auprès d’enfants qui préfèrent jouer et courir partout que de manger. Nous le savons tous, le temps pour dîner est plutôt juste dans nos écoles, correct, mais juste. Si votre enfant n’a pas acquis la capacité de rester assis pendant l’heure des repas, ce sera vraiment très difficile pour lui, car il ressentira cette pression de devoir rester assis ce qui pourrait l’amener à l’anxiété et de l’appréhension à l’heure du dîner. Petits trucs. À la maison, impliquez-le dans la préparation du repas. Prenez l’habitude de faire un petit brin de jasette en famille après le repas. Ne le sortez pas de table dès qu’il a terminé son assiette. Même, vous pourriez transformer cette période par un petit jeu. Par exemple ; des devinettes, des cherche et trouve, histoire sans fin etc. Ainsi, votre enfant arrivera à composer avec la demande de rester assis jusqu’à ce que tout le groupe ait terminé. Non seulement vos soupers seront plus animés, mais il développera des habiletés à se divertir tout en restant assis à la table avec ses amis. Qui sait, peut-être deviendra-t-il l’animateur de jeux déversoirs à sa table.
LA TROISIÈME -Le chuchotement. Je sais, je sais ! Il y a énormément de controverse sur ce point. Certains diront que c’est inhumain de demander à des enfants de ne pas parler dans les corridors. À tout le moins, il serait tout de même impossible de demander à des élèves en classe de travailler pendant que d’autres parlent fort ou crient dans les corridors. Nous devons donc appliquer des règles de civisme. C’est pourquoi, les déplacements doivent se faire dans la mesure du possible en silence. Toutefois, il se peut que l’école accepte le chuchotement. Donc, votre enfant doit savoir chuchoter. Petits trucs: Encore sous forme de jeux, établissez une période dans la journée, pas plus de cinq minutes pour commencer, où vous et votre enfant devrez que chuchoter. Vous verrez se sera vraiment amusant et en même temps enrichissant. Par ailleurs, pour bien maîtriser cette action, vous pouvez faire… Le test de son. Qu’est-ce que sait le test de son ? Asseyez-vous face à votre enfant. Demandez-lui, et faites de même, de poser ses doigts sur sa gorge à la hauteur de la glande thyroïde environ. Demandez-lui de parler fort et ensuite de parler doux. Vous verrez, ça marche vraiment. En chuchotant vous ne sentirez aucune vibration, alors que si vous parler plus fort vous sentirez le raisonnement des cordes vocales. Ainsi, votre enfant comprendra mieux ce qu’est le chuchotement.
À la lumière de ces quelques trucs, profitez des dernières semaines avec votre enfant pour instaurer ces pratiques à votre quotidien. Forcément, votre enfant ne sera pas dépourvu devant des situations qui lui demanderont l’application de ces savoir-faire. Et surtout, n’oubliez pas que l’enfant apprend par le jeu, il est donc important de vous amuser et de toujours l’accompagner dans le plaisir et la bonne humeur. Vous êtes le premier sur qui il peut compter pour l’aider à cheminer à travers chacune des étapes de sa vie. S'il y a des enfants plus jeunes à la maison, ils peuvent se joindre à vous pour jouer, mais il faut savoir que pour eux, le jeu sera qu'une simple initiation à ces apprentissages et demeurera ludique.
Je vous souhaite donc un bel été d’attentes, de jasettes et de chuchotements 😉.
Mais non, je blague !
Il faut simplement appliquer ces quelques exercices de temps en temps. Dans des moments propices au calme et d’ouverture de la part de votre enfant.
SM
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